Ni verte, ni jaune, une Chartreuse à consommer sans modération

Publié par J. PEYRE sur 12 Octobre 2023, 15:49pm

Jeudi 12 octobre 2023, les Ami(e)s du Lycée Jacob Holtzer sont de sortie dans le Parc Régional du Pilat.
Au programme de la journée étaient prévus :

La découverte de la Maison des Tresses et Lacets installée dans une ancienne usine textile au bord du Dorlay,
Un repas au restaurant Duculty spécialiste de la charcuterie artisanale et de la production de saucisson et jambon.
La visite du village de Sainte Croix en Jarez plus beau village de France depuis 1982.

On attendit en vain !

La journée très ensoleillée commence mal.
La personne chargée de la visite nous fait faux bond et on occupe la matinée avec une promenade le long du barrage du Dorlay et dans le village de Doizieux.

Le barrage du Dorlay et le village de Doizieux

Le repas de midi est l’occasion d’un moment convivial. On prend des nouvelles, on échange sur l’été passé et les excursions de chacun, et bien sûr on déguste les saucissons de la Maison Duculty.

À table !

L’après midi est consacrée à la visite guidée de Sainte Croix en Jarez.
Découverte pour certains, deuxième voire même troisième visite pour d’autres. Le site ne laisse personne indifférent et console du loupé matinal.

Le village tire son nom de l’ordre religieux des Chartreux. Appelé aussi Ordre cartusien, c’est un ordre religieux contemplatif, fondé en 1084 par Bruno le Chartreux et six compagnons.
Notre guide sait accrocher son auditoire et on parcourt le site avec attention.

Saint Bruno et la Chartreuse vue du ciel

A son discours, je vais ajouté mon grain de sel à partir d’un mémoire paru en 1864 et signé Antoine Vachez sous le titre : La fondation de la Chartreuse de Saint-Croix-en-Jarez : une légende du XIIIe siècle

On y lit le récit fait par Béatrix de la Tour, fille d'Albert III, baron de la Tour du Pin et de Béatrix de Coligny.
Inconsolable de la mort de son époux Guillaume de Roussillon, elle se réfugie dans la prière pour trouver un soulagement à sa douleur.

« Une nuit, pendant son sommeil, elle vit une croix resplendissante de lumière lui apparaître au milieu de plusieurs étoiles. Une autre nuit, que Béatrix priait avec ferveur, la même vision se renouvelle encore et la croix et les étoiles s'approchent d'elle si près qu'elles semblent vouloir la toucher, puis s'élevant dans l'espace, elles se dirigent vers le lieu où devait être fondé le monastère de Sainte-Croix.
Le lendemain, vivement préoccupée de cette double apparition, Béatrix, ordonne à son écuyer de préparer des chevaux, et, suivie de plusieurs serviteurs, elle part à la recherche du lieu inconnu vers lequel s'étaient dirigées la croix et les étoiles : un vallon solitaire, situé au-dessous du petit village de Pavesin. »

C’est ainsi que la chartreuse fut fondée en 1281.
À la révolution les moines sont chassés des lieux. En 1792 la Chartreuse devient bien national pour être vendue aux enchères deux ans plus tard en 44 lots et devenir le village de Sainte-Croix-en-Pavezin puis une commune à part entière sous le nom de Sainte-Croix-en-Jarez.

La façade, les stalles et les fresques

Dans ce même ouvrage de 1864 on lit plus loin :

« Hier, retraite paisible des religieux, cette chartreuse est aujourd'hui une sorte de phalanstère, une véritable cité ouvrière, qui se livre à la fois à l'industrie et aux travaux de l'agriculture. Au silence du cloître ont succédé les cris des troupeaux, le bruit des chars rustiques, le son retentissant du marteau des forgerons, le murmure confus d'un village où s'agite une population entière. Le contraste que présente cette vie active et bruyante avec l'aspect austère de ce monument bâti pour des hommes qui aspiraient à d'autres biens que ceux de ce monde, offre assurément un spectacle étrange et sans exemple. »

Aujourd’hui de nouveaux habitants ont investi les lieux. L’endroit a traversé le temps ; de la retraite austère des moines du moyen âge puis à la vie communautaire d’habitants liés par le travail à l’aube de l’ère industrielle, c’est maintenant un lieu de résidence réservé à quelques privilégiés loin du tumulte bruyant de la vallée du Gier.